samedi 10 février 2018

françois béranger - Participe Présent (1978)

Allons-y pour les vieilleries qui rajeunissent.
Ca doit être l'effet Notre-Dame-des-Landes.
Ou alors, le fait d'avoir substitué du Griffonia Simplicifolia aux neuroleptiques.


François Marie Béranger, né le 28 août 1937 à Amilly (Loiret) et mort le 14 octobre 2003 à Sauve (Gard), est un chanteur libertaire français, qui connaît une forte notoriété dans les années 1970.

Le père de François est André Béranger, tourneur, militant syndicaliste aux usines Renault puis député de la Nièvre de 1946 à 1951, et sa mère, Jeanne Sauvegrain, est couturière à domicile, à Suresnes.
François Béranger interrompt des études classiques à 16 ans, en 1953, et entre chez Renault à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), qu'il quitte pour s'engager dans une troupe de théâtre amateur itinérante, la Roulotte entre 1954 et 1958.
Après avoir été appelé pendant la Guerre d'Algérie, en 1958-1960, affecté aux transmissions, il revient brièvement aux usines Renault, puis travaille à l'ORTF, comme régisseur et réalisateur principalement, avant de se lancer dans la chanson.
Avec son épouse Martine, ils sont parents d'Emmanuelle et Stéphane.
Il se fait connaître au début des années 1970 lors du renouveau de la chanson française, imprégnée de folk, portée par des thèmes contestataires, aux côtés notamment de Dick Annegarn, Catherine Ribeiro, Mama Béa, de l'occitan Joan-Pau Verdier.
Des chansons comme Tranche de vie, L'alternative, Rachel, Participe présent l'imposent comme une des voix militantes de cette époque. Il participe à la musique du film de Gébé et Jacques Doillon, L'An 01 dans lequel il fait d'ailleurs une apparition.
Peu de temps avant sa mort, François Béranger enregistre un album consacré au répertoire du chanteur québécois Félix Leclerc (le disque sera publié après sa mort). Il se produit pour la dernière fois à Paris en septembre 2002 au Limonaire. Sa toute dernière apparition sur scène a lieu à la Cigale, à l'occasion d'un concert de Sanseverino. Ce dernier, qui avait enregistré et joué Le Tango de l'ennui, l'avait invité sur scène à chanter ce classique de son répertoire.
Il meurt des suites d'un cancer à son domicile, à 66 ans.
Le 17 octobre 2003, après des obsèques à la paroisse Saint-François de Montpellier, il est inhumé au cimetière du Champ Juvénal de Castelnau-le-Lez dans le caveau familial.


(wikipedia)

mercredi 7 février 2018

Aleš Kot & associés - Zero (2015)

le tome 1, ça va encore.
On est dans du connu.
Nos efforts pour tordre la gueule du langage, le faire aller là où il ne veut surtout pas aller, lui faire avouer ce qu’il n’a aucune envie d’avouer, en lui enfonçant si besoin une tige d’acier chauffée à blanc dans l’anus, sans amour mais sans haine, sont-ils autre chose qu’une manifestation épiphénoménale de notre volonté déchaînée et égotiste de secouer les chaines du cachot de la Raison sur la paille humide duquel nous croupissons, rêvant en secret d’une évasion durable ?
Si c’est pour finir comme Antonin Artaud, merci bien, je vais plutôt renouveler mon abonnement à Valeurs Actuelles, c’est plus prudent. C'est pourtant la voie étroite choisie par Aleš Kot (et une pléiade de dessinateurs inconnus, tantôt brillants, tantôt médiocres, comme nous tous) dans la série de comics Zero, parue en 2015 chez Image Comics dans l'espoir (déçu) de ruiner la jeune maison d'édition.
D'ailleurs il ne se borne pas au langage, il veut tordre la gueule de la figuration narrative toute entière, et sur ce plan c'est assez réussi.

« Il faut se rappeler que tout art est magique, à l’origine : la musique, la sculpture, l'écriture, la peinture  - et par magie je veux dire destiné à produire des résultats très précis. Les peintures étaient à l'origine des formules pour faire arriver ce qui est peint. L'art n’est pas une fin en soi, pas plus que la formule d'Einstein conversion matière-en-énergie ne l’était. Comme toutes les formules, l'art était à l'origine FONCTIONNEL, destiné à faire se produire les choses, de la façon dont une bombe atomique découle des formules d'Einstein. »

Le tome 2, ça bastonne.
Cette citation de William Burroughs qu’Aleš Kot insère dans Change, une de ses productions expérimentales,  et dans Zero, au moment où la vie de Burroughs vient contaminer le récit pour l’orienter vers un méta-niveau, est revendiquée par l’auteur comme croyance fondamentale dans sa pratique artistique.
On comprend mieux pourquoi on n’y comprend rien.
Zero débute comme une fiction conventionnelle sur un espion-tueur qui résoud à la one again des problèmes indémerdables dans des zones de non-droit comme les conflits armés en cours sur la planète, avec flashbacks sur son enfance, ambiance "Bouche du diable" de Charyn et Boucq, ellipses narratives sur son parcours professionnel, conflits avec sa hiérarchie, petites niches avec ses collègues de promo.
C’est stimulant intellectuellement, parce qu’il y a un flash forward entêtant sur sa probable exécution par un enfant au bord de la falaise de Douvres en 2038 au nom d’enjeux qui nous dépassent provisoirement, que chacun des 18 épisodes est dessiné par un graphiste différent pour des raisons particulières et inconnues mais certainement justifiées, en tout cas ça file bien le tournis à l'innocent lecteur et même à celui qui ne serait pas si innocent que ça, parce qu’Edward Zero se retourne progressivement contre l’Agence qui a fait de lui une machine à tuer, et qu’on aimerait bien savoir comment tout cela va finir, parce que c’est quand même bien troussé pour un petit comic indé qui se la joue spy thriller polymorphe. Des dizaines de pages se résument à des scènes d'ultra-violence bon enfant, évoquant le Frank Miller des grands jours, corps à corps sans dialogues, sanglants ballets chorégraphiés par un Sam Peckinpah revenu d'entre les morts pour foutre une bonne raclée aux contempteurs de la figuration narrative, hardi petit.

Si tu lis le tome 3,
appelle le docteur.
A partir du fascicule #15, soit le début du tome 4, ça se complique : on atterrit à Tanger, en 1956, derrière la machine à écrire de William Burroughs, qui imagine les aventures d’ Edward Zero dans le futur, apparemment défoncé à quelque chose qu’on n’a pas vraiment envie de tester, même pour le fun, papotant avec son pote Allen Ginsberg entre deux omelettes de champignons hallucinogènes. Dès lors, faut s’accrocher à son illustré, parce que parallèlement Edward semble agoniser en direct dans le récit de Burroughs et recevoir des révélations en provenance du Multivers sur la source de la violence chez l’homme, qui a pris la forme d’une araignée ou d’une tique dévoreuse d’âmes qui tire sa substance du coeur même de chaque être humain, et que c’est vachement galère pour Edward de la décrocher de là pour raccrocher les wagons vers une fin qu’on souhaiterait heureuse après toutes ses difficultés professionnelles et ses tourments intimes irrésolus. L’Esprit Affreux et la Chose Noire lui en font voir de toutes les couleurs. Il est de plus accablé d’un sentiment de culpabilité bien compréhensible car il a apparemment provoqué des millions de morts en répandant une abomination mycologique sur Terre, bien pire encore que celles du comte de Champignac dans Spirou. Mais enfin, quand on est agent secret, on ne fait pas d'omelettes sans casser d'oeufs, et j’aimerais vous y voir.

Le tome 4, trop tard,
on t'avait prévenu.
Il n'est pas forcément nécessaire de connaitre les détails biographiquement tragiques et néanmoins regrettables de la vie de William Burroughs* pour lire ce dernier tome, mais ça peut aider.
A la fin, comme il a réussi à s’extirper la Chose Noire du fond du gosier, il reçoit l’autorisation des Spores Cosmiques à l’origine de la vie sur Terre de se réconcilier avec son passé, son fils et tous les gens qu’il a dessoudés (en les non-dessoudant dans le Multivers) et de regagner son havre de paix cossu en Islande. Sur le pas de la porte l’attend sa copine chaudasse, qui n’a pas sa langue dans sa poche. On a eu peur, on a été obligés d’aller vérifier plein de trucs sur Wiki, et on a un peu mal à la tête, malgré l'espèce de Happy End cosmique.
C'est très ambitieux, lynchien en diable, et on a passé un bon moment sans faire de conneries IRL.

* Le slogan des AA de Boston concernant ce phénomène est «On ne peut pas décuire un plat» comme le rappelle David Foster Wallace dans «L'Infinie comédie», en vente partout.





A part ça, il est pas mignon, le nouveau demi-dieu
de la figuration narrative méta-textuelle ?
Je me le taperais bien en omelette.
Sans champignons.

Pour aller plus loin :

- une analyse de la série
- une interview chamanique de l'auteur

mardi 6 février 2018

Dukes of Stratosphear - Chips From the Chocolate Fireball (1986)

J'ai complètement raté mon article sur XTC l'autre jour.
Personne n'a osé me murmurer que j'étais hors sujet, bravo les gars, but I totally missed the point.
Je voulais évoquer le fait avéré que la pochette de leur album "Black Sea" présentait de troublantes similitudes avec celle de l'album de l'Affaire Louis Trio "Mobilis in Mobile" sorti 13 ans plus tard, et que ce n'était certainement pas dû au hasard, puisque Colin Moulding, bassiste d'XTC, avait joué sur plusieurs titres de "L'homme aux mille vies", l'album de l'Affaire Louis Trio qui suivit "Mobilis in Mobile", albums qui marquèrent l'apogée de leur carrière, du moins si l'on en croit mon autoradio-cassettes de l'époque.
Je ne sais pas si c'est très clair, en tout cas pour moi ça l'était au moment de la rédaction de l'article, mais c'était avant de prendre des médicaments contre les croyances erronées, et au lieu de ça je me suis laissé embarquer dans des calembredaines nostalgiques, avec Francis Masse comme alibi scientifique.
Honte à moi.
Il n'est que temps de rétablir la vérité.

XTC, Black Sea, 1980

L'affaire Louis Trio, 1993.
Avouez que c'est troublant.
Surtout de nuit avec du brouillard.
D’autant plus quand on se rappelle que « Mobilis in Mobile » 
s'inspire de l'inscription de la devise du Nautilus 
de Vingt mille lieues sous les mers.

Toujours est-il qu'en farfouillant dans la discographie d'XTC, je tombe sur un de leurs projets parallèles et éphémères, "les Ducs de la Stratosphère".
Plusieurs blogs musicaux plus ou moins moribonds attestent de l'excellence psychédélique d'un groupe délirant et sous pseudo, visant à recréer l'ambiance des années 60.
http://prognotfrog.blogspot.fr/2007/09/dukes-of-stratosphear-1987-chips-from.html
et
https://pitchfork.com/reviews/albums/2475-chips-from-the-chocolate-fireball/
(non seulement c'est instructif, mais je tombe sur une mine insensée de revues d'albums en vidéos de 5 minutes, sur lesquels il faudra revenir plus tard)
C'est ma foi vrai que chez les Ducs de la Stratosphère on entend les fantômes de Pink Floyd, des Beach Boys, et pourquoi pas des Beatles.
Pour aller plus avant dans le bain d'acide, il faudrait décrypter les lyrics, qu'on doit pouvoir se procurer sur des sites ad hoc, parce qu'écouter de la musique comme ça sans piger les paroles c'est comme regarder un film en vo sans les stvo, on fait le malin et on cache sa honte de n'entraver que dalle, mais en réalité cette honte ne nous mène nulle part, et surtout pas à mieux comprendre les subtilités de l'anglais parlé.


Souvenez-vous que si vous vous rappelez 
ce que vous avez fait dans les années 60, 
c'est que vous n'étiez pas vraiment dans le coup.


http://www.mediafire.com/file/rlpc76x3a5454mu/DOZS_CFCF.zip

Hubert Mounier, le chanteur de l'Affaire Louis Trio, qui inventa la légende de L'homme aux mille vies n'avait qu'un pseudo, depuis des lustres : "Cleet Boris".
Ce qui est bon signe, parce que quand on a mille pseudos, tous les psychologues-conseil vous le diront avant de vous bourrer de médocs, c'est souvent qu'on n'a nulle vie.
J'en discutais une nuit avec l'homme aux mille pseudos. Il me soutenait que la volubilité a des rapports tantôt distants tantôt connivents avec la mythomanie.
Je lui répondis que le tout était de rester dans les clous.
J'ai oublié le reste de notre conversation, mais à l'époque on était tous les deux bourrés de médicaments luttant du mieux qu'ils le pouvaient contre nos croyances erronées, et ils avaient du boulot.

Pendant ce temps-là, les crétins sanguinaires actuellement en charge du syndic de l'immeuble (chic) "Planète Terre" dans lequel nous occupons une chambre de bonne sous les toits n'ont besoin d'aucun pseudo pour s'inspirer, quoique d'assez loin, de la démarche d'XTC et de leur projet parallèle "les Ducs de la Stratosphère".
Je veux bien sûr parler de Donald Trump et Kim Jong-un qui nous jouent "Les Trouducs de la Stratosphère", échangeant tirs de missiles contre menaces d'holocauste et autres plaisanteries fines au cours de jam-sessions goguenardes et endiablées.
Je dis ça parce que ce soir passe "Kim Jong-un contre le reste du monde" sur Arte, documentaire assez psychédélique.
Je ne suis pas sûr que Kim ait pris ses médicaments.
Donald non plus.
Y sont pas partis pour refermer le trou dans la couche d'ozone tout de suite.
Par contre, si on les enferme  dans un HP hermétique avec des guitares et Garage Band, fatalement au bout de 500 000 ans ils vont nous rejouer tout XTC.
Faut juste s'armer de patience.

En 2043, en vacances sur la côte de Granit Rose, 
Warsen et sa femme essayent de rendre hommage à XTC
sous le pseudo de L'affaire René Magritte, mais c'est l'échec.

samedi 3 février 2018

Tuxedomoon - Suite En Sous-Sol & Short Stories (1986)


J'apprends ce matin la mort de Peter Principle, bassiste historique de Tuxedomoon, soudain, l'été dernier.
Snif. Arg. Merde. Fuck.
Dans cet ordre.
J'étais juste en train de remettre le nez dans ma collection de Maxi-45 tours des early eighties du groupe.
Que dire ?
Rien.
Ou alors "allez tous vous faire enculer", mais le chagrin m'égarerait, et puis ce serait un affront à mon jeune lectorat.
Et pour tout dire, une gageure.
N'est pas Tariq Ramadan qui veut.

Tariq, il aurait apprécié "Courante Marocaine" et "Sarabande En Bas De L'escalier", présentes sur ce double EP.
Me revient cette citation, puisque j'en suis farsi : "Le monde est l'endroit dont nous prouvons la réalité en y mourant". C'est ma blague préférée de Salman Rushdie dans les Versets Sataniques, qui aurait bien fait rire Peter, qui rigolait plus que sa musique, et qui n'était pas vraiment de ce monde, en tout cas jusqu’à ce qu’il y meure, et en tout cas again c'est pas avec la méthode à Dadi qu'il avait appris à jouer de la basse.
Ce week-end je devais amener ma fille à la Rochelle, pour la journée portes ouvertes de la Faculté de langues qui y est sise, vu qu’elle voudrait y poursuivre l’an prochain des études de coréen, alors je pense à un vieil album de Thiéfaine contenant une chanson dans laquelle les filles de la Rochelle ont attrapé le scorbut, et ce matin l'intéressée est présentement assise livide blafard dans son plumard, comme au jour de sa mort pompeusement parée, une bassine sur ses genoux depuis 3 jours; ce n'est pas le scorbut qu'elle a attrapé, mais la gastro.
Les filles de la Rochelle ont attrapé la gastro, ça peut pas être une chanson de Thiéfaine, bien qu'il y ait peut-être un filon à creuser pour rimeurs intrépides, genre les Charlots. Mais je crois bien qu'ils ont commencé à mourir aussi.
Ca fait trois jours qu’elle n’a rien bouffé, ça tombe bien elle se plaignait de s’empâter.
La météo est incertaine, et s’il faut rouler en ciré pour prévenir le gerbi, c’est pas pratique.
A chaque époque sa maladie de Lyme.
Pour ma part, je ne lyme plus tellement, privilège de l'âge, sans doute.
Je vais plutôt réécouter Tuxedomoon, ça sera le bouquet.

http://www.mediafire.com/file/4ijjrdy4d90e030/TXM_SSL.zip

vendredi 2 février 2018

The Ruts : The Crack (1979)






The cover picture by artist John H. Howard shows the members of the group 
seated on a large sofa, around them are some of their contemporaries 
such as Rat Scabies and Captain Sensible of The Damned (top right corner), 
Jimmy Pursey of Sham 69 (bottom right), while Peter Cook and Dudley Moore 
are standing behind Malcolm, John Peel appears to be doing something 
to a schoolgirl (in uniform) with a bar of chocolate on the left hand side, 
and it would be strictly forbidden in our post-Weinstein era.
The Crack est le premier album du groupe de rock britannique The Ruts.
Sorti en 1979, il est marqué par des influences punk et reggae. 1979, souvenez-vous, c'était déjà le post punk, avec l'irruption de ces gars pressés qui jouaient vite et bien (par opposition à la première vague punk qui jouait vite et mal).
Mais très vite, les choses s'emballent, et Malcolm Owen est retrouvé mort dans la salle de bain chez ses parents à Hayes, d'une surdose d'héroïne, le 14 juillet 1980, à 26 ans. La chanson H-eyes, la face- B de leur premier single, est justement une chanson contre l'usage de l'héroïne, et deux autres chansons, Dope for Guns et Love in Vein (lol) sont des chansons anti-drogues.


Avouez que c'est ballot.
Le potentiel du groupe à vendre de la méthadone par paquets de douze semblait énorme.

Pendant ce temps, n'étant ni punk ni reggae, mais bien un sale fils de bourgeois névrosé, John Warsen admire secrètement ce mélange inédit de punk et de reggae, qu'il convoite sans pouvoir l'atteindre dans sa pratique musicale dilettante feignante, et qu'il joue pourtant très fort sur son électrophone. Ca ne lui réussit pas plus : il est retrouvé mort dans la salle de bain de ses parents à Perros-Guirec, d'une surdose de blog, le 14 juillet 2049, à 78 ans.
L'album 


The Crack est lui retrouvé bien vivant, car nos oeuvres nous survivent, hélas, sur le blog musical Hilarante en la distopía, mais franchement je vois pas ce qu'il y a de drôle.

jeudi 1 février 2018

Aidan Baker - Dualism (2016)

Je suis retombé sur cet album d'ambient drone en préparant une compile de Noël pour les Acouphéneurs Anonymes.
J'ai un peu du mal grave à suivre la production d'Aidan Baker, trop copieuse et divergente pour moi.
Je ne sais pas pourquoi, celui-là je ne m'en lasse pas.
Il faut bien prendre appui quelque part.
Dans ce monde de prose où "tout est mou, où rien ne tient quand on le pose" (Gérard Manchié), alors si on le pose sur un disque d'ambient, vous pensez bien, y va pas rester debout longtemps.

https://aidanbaker.bandcamp.com/album/dualism

Apparemment, je l'avais déjà chroniqué ici, avec une grande sobriété de moyens.
Loué sois-je.
J’veux dire, trop souvent on écoute de l’Ambient / Drone / Doom pour de mauvaises raisons : on a une femme dépressive qui ne voit pas le bout du tunnel, un chef de service n’a pas pris conscience des immenses services qu’on a rendus à la boite en surinvestissant notre routine professionnelle, on éprouve un sentiment de dérélilction devant la trajectoire aveugle et implacable du Monde vers le Mur, nos enfants se détournent de nous parce qu’on est resté de glace face à leurs demandes de remise en question, on n’a pas mangé assez de fibres à midi, la méditation ne nous procure qu’un profond ennui, un vieil ami est mort sans connaitre la Paix, les comics américains atteignent une côte de stupidité inédite, les cotisations CSG ont insidieusement augmenté sur notre fiche de paye, on ne parvient pas à se remettre à la lecture du chef d’oeuvre d’Alan Moore, les attentats à Kaboul nous font nous dire « mais quand donc vont-ils se décider à envoyer Malko Linge régler le problème », etc…
Rien de tel ici. C’est juste parce que la démarche expérimentale du multi-instrumentiste nous semble porter des fruits, certes un peu amers, mais quand même goûteux, par rapport à la lavasse new age habituelle.

lundi 29 janvier 2018

Rosetta - Utopioid (2018)

Ou la revanche des vioques :
comment Télérama a niqué les Inrocks.



"Les deux premiers morceaux nous plongent immédiatement dans une surprenante sensation de plénitude : le tempo lent et la guitare douce, aux sonorités presque liquides, diffusent une sérénité plus post-rock que metal. Il faut attendre le troisième titre pour prendre la première vraie décharge. Neophyte Visionary libère brutalement le son massif de Rosetta, condensé d’énergie emmené par les cris post-core de Michael Armine. Moins musclé que ses prédécesseurs, ce sixième album du groupe de Philadelphie est moins une déflagration qu’une délicate construction d’atmosphère. Certains morceaux, isolément, peuvent d’ailleurs désarçonner. 54 543 prend des airs de berceuse post-metal, Hypnagogic, de slow éthéré. Mais conçu comme le récit d’une vie, d’avant la naissance à la mort, Utopioid, contraction d’« utopia » et d’« opioid », s’apprécie dans sa progression, d’une ­sérénité naïve à un trouble mystérieux.
Ce disque prenant et intelligent fourmille de mélodies fortes, de bouil­lonnements intenses, de guita­res accrocheuses et de batterie dynamique, exhalant de bout en bout une étrange mélancolie qui galvanise. Réfé­rence de la scène post-metal ­depuis quinze ans, Rosetta parvient à donner libre cours à ses penchants les plus atmosphériques tout en conservant sa puissance électrisante."


Marie-Hélène Soenen

dimanche 28 janvier 2018

Michel Jonasz ‎- La Nouvelle Vie (1981)

Avec l'élection de François Mitterrand en 1981, La Nouvelle Vie® cesse d'être une conjecture fumeuse.
C'est pas trop tôt.
Je n'en veux pour preuve que la chanson éponyme de Michel Jaunisse Jaunasse la même année, qui commence par ces mots :
"La peinture des murs se détache, tu vois on pourrait s'détacher aussi" 
c'est en répétant ce mantra que Warsen parvient à l'éveil dès 2023 (en comptant large, avec la marge Simpson d'erreurs du vieux débutant : faux éveils, montées de kundalini sauvages,  débouchages de lavabos en urgence)
Adoptez-moi, et venez vite,
y m'piquent dans deux jours.

 Car comme l'a dit le Prophète :
"On fume juste une cigarette, et en avant pour La Nouvelle Vie"
(Mitterrand préférait la pipe)
Autre mantra stimulant déniché dans ce vieux disque à verser au dossier : "une photo d'facture donne le mal du pays", ce qui est :
1/ scientifiquement prouvé
2/ une nouvelle preuve que le lien de l'attachement pend dans le vide.

Alors vraiment, on aurait tort de se priver d'écouter et de réécouter tous ces vieux disques.
D'autant plus que si La Nouvelle Vie® nous attend, elle ne dure jamais très longtemps.
Je n'en veux pour preuve que la cover des Fatals Picards que je viens de commettre pour lâcher mon clavier d'ordinateur.
A la réécouter, je pense que c'est le mot "clavier" qu'il faut que je bannisse de mon vocabulaire, mais les mots, on s'en branle, comme les jeunes se branlent du dernier d'Ormesson mais sans visualiser la photo de quatrième de couverture sinon tout est foutu,  et moi c'est surtout au niveau de ma pratique spirituelle de ma Nouvelle Vie® au jour d'aujourd'hui que ça chie à l'oreille et que je dois renoncer à l'idée même de "clavier".

http://www.mediafire.com/file/n1w2bk928hv7244/MJ_LNV.zip



mon père était tellement de gauche - reprise ein zwei ! from john warsen on Vimeo.

samedi 27 janvier 2018

Michel Jonasz - Les Plus Belles Chansons (1981)

 Ca m'a pris comme ça, brutalement. Histoire de récupérer mon imaginaire français, comme le suggérait hier Arthur H sur cette antenne : "... l'imaginaire français est vraiment laissé en friche. Il y a tellement de personnages incroyables. On pourrait écrire, raconter des histoires fabuleuses sur notre propre culture, au lieu d'être totalement cannibalisés par les références américaines. Les jeunes Européens ont du mal avec cela, car leurs sources vives de l'imaginaire ne sont plus qu'américaines à travers les films, les livres et les disques. Il y a potentiellement une perte importante de diversité et aussi d'originalité. Notre imaginaire est devenu américain. Cela fait partie du cerveau mondial. Moi-même, je l'aime et l'utilise, notamment le monde des super-héros comme hier Spiderman dans « Nancy et Tarzan » ou aujourd'hui la princesse Leia dans « Super-Héros de l'instant zéro ». Je n'ai rien contre l'imaginaire américain. Sauf qu'il est américain. Et ce n'est pas une raison pour ne pas explorer notre propre imaginaire français. Il faut absolument le récupérer !"

Du coup, envie incoercible de me colleter avec Michel Jaunasse, un héros de l'imaginaire français un peu tombé en déréliction, un ancien nazi stakhanoviste de la chanson funeste de l'attachement néfaste, alors qu'il avait décroché la timbale en 1985, quand il était Uni vers l'Uni.

Le problème vient toujours au moment de défusionner, pour rentrer dans l'atmosphère.
Après l'extase, la lessive, comme dirait l'autre.
Cet homme a plus fait pour l'industrie des antidépresseurs que beaucoup d'autres pourtant gravés en lettres dorées au frontispice de ce blog tombal.
Que justice lui soit rendue avec ce best-of cette sélection de grands succès d'avant-hier.


http://www.mediafire.com/file/86zyu63mhyoa9wx/MJ_LPBC.zip





Avec Michel Jonasz, tout redevient possible.
Tout, vous dis-je.
Ce gag sera drôle jusqu'en 2023.

vendredi 26 janvier 2018

Arthur H : « L'imaginaire français est devenu américain »

Quand je penche la tête comme ça,
j'ai l'air fucking true.
Aujourd'hui sort le nouvel album d'Arthur H.
J'ai un peu décroché de sa carrière depuis quelques années.
Il est loin l'enthousiasme délétère et prosélytre de rouge que je manifestais lors de ses premiers disques.
L'homme me plait, même si sa musique ne me séduit pas toujours.
M'enfin, il a le droit d'avoir beaucoup changé aussi.
Même en bien.
En général, quand on change en bien, on fait des disques plus chiants.
Simple observation.
Extrait de l'interview du Point :
Comment voyez-vous le mouvement de libération de la parole des femmes ?
La grossièreté masculine est absolument intolérable. Le fait de manquer de respect à une femme est inadmissible. Énormément d'hommes sont très immatures, ne savent pas gérer leurs désirs et sont agressifs. L'accusation et la dénonciation peuvent paraître un stade nécessaire pour sortir du vieux monde. Moi, je suis un peu utopiste. Je trouve que le respect mutuel et total va de soi. Le débat sera vraiment intéressant quand il n'y aura plus de victimes et de coupables, et seulement des gens responsables. Cela m'intéresse de construire les rapports du futur dans le respect mais aussi dans l'altérité. Ce que j'aime dans ma compagne, c'est qu'elle fonctionne de manière totalement différente de moi.

Nouvel album, Téléréma se pâme, et Warsen spamme.
C'est ma femme qui m'en a parlé.
Ma femme, écouter Arthur H ?
Putain, v'là autre chose.
Il va falloir cogner plus fort.