jeudi 14 septembre 2017

Carina Round - Do You ? (2009)

Depuis que j'ai fini par refuser la dictature de la nouveauté et ses appâts débilitants, j'ai fait l'inventaire de ce que j'emporte dans ma tombe : le premier album des Damned, le premier Nina Hagen, le "Remain in light" des Talking Heads, le live "USA" de King Crimson de 1976, le "Real life" de Magazine, la face B du "Meddle" de Pink Floyd (ça va pas être facile à découper à même le vinyle), n'importe quel disque de Patrick Watson...
N'importe lequel ? oui, car sa voix incarne une douceur et une humanité rares, qui voyage de disque en disque.
D'ailleurs l'autre jour j'ai regardé "La 9eme vie de Louis Drax", un film d'Alexandre Aja dont il avait signé la musique, j'ai cru tomber sur un album secret de l'artiste.
Mais à part des instrumentaux pleins de flonflons et de violons, la seule chanson qu'on entend dans la B.O. du film est une resucée orchestrale de Man Under The Sea, déjà présente sur Close to paradise. 
De toute façon, rechercher des nouvelles musiques, ou écrire de nouveaux articles, ça fait désormais partie de mes comportements limite, comme on dit en DASA.
Par contre, hier j'avais une ritournelle en tête, mais ni le titre ni l'autrice, et va retrouver un titre mp3 dans ta musicothèque iTunes qui fait 89 Gigas.
Bon courage, et n'oublie pas d'envoyer des cartes postales.
Quand j'aurai fait un peu de ménage là-dedans et qu'il n'en restera en gros que l'intégrale de Steve Roach et le best of d'Henri Salvador, j'y verrai plus clair. 
Finalement je l'ai retrouvée au bureau, où ma musicothèque est plus light, et je savais l'avoir entendue après la B.O. de "The Handmaid's Tale" un jour où j'avais fait un classement par album.
Et j'ai bien peur de l'avoir repérée dans la B.O. d'American Horror Story, saison 1.

Chansons pas connues qui mériteraient de l'être #8



[Edit]

Ha ha ! Il suffit que j'invoque Alexandre Aja pour qu'il se manifeste sur la page d'accueil de Qwant, le moteur de recherche qui respecte votre vie privée.
L'inconvénient, c'est qu'il est beaucoup moins performant que Google.
Qwant, pas Alexandre Aja.
Alexandre Aja, il est moins performant qu'Hitchcock et De Palma, qui sont ses maîtres déclarés; quelqu'un qui s'obstine à surligner la blancheur des vêtements par un halo "Super croix 76" que plus personne n'emploie plus depuis Carrie au Bal du Diable, et qui s'en tient aux canevas psychologiques des films de l'époque, ne fait pas vraiment oeuvre d'auteur.
Et maintenant, je vais voir si Carina Round se manifeste, ordinateur éteint.



mercredi 30 août 2017

Le pavé de la rentrée

Ma parole se fait rare, mais celle d'Alan Moore l'est encore plus.
Aujourd'hui parait son énorme roman "Jérusalem", traduit par l'ineffable Claro.
A cette occasion, Arte a produit une série d'interviews.

lundi 31 juillet 2017

The Damned : Don’t You Wish That We Were Dead (2015)


Je sors de ma tombe juste le temps de vous signaler qu'il ne vous reste que 20 jours pour visionner l'édifiant documentaire que Wes Orshoski a consacré aux Damned, dont le premier album, en 1977, a changé ma vie mort.
Génie précoce, blasphème, ratage absolu du second album, mésententes, trahisons, alcool, grotesque, impostures, commerce de la plus abjecte nostalgie, tout y est.

http://www.arte.tv/fr/videos/075965-000-A/the-damned-don-t-you-wish-that-we-were-dead


 [Edit]
Ce qu'il y a de bien dans la Damned Damned Damned - 30th Anniversary Expanded Edition, c'est le Disc 2 - Bonus Tracks : toutes ces B-sides et maquettes de 76/77, qui restituent la créativité et l'énergie du groupe dans sa première incarnation.
Quarante ans plus tard, j'ai l'impression d'avoir à nouveau 54 ans.

https://www.mediafire.com/?67j3r9ie4llpf9l

mercredi 21 juin 2017

Je t'en foutrai, moi, de la science-fiction


Avec ce titre à l'emporte-pièce, comme un lointain écho à ma Chronomachine lente, qu'elle est même pas à moi d'ailleurs c'est une mobylette quantique que j'ai chouravée à un auteur de SF, cette semaine, je n'ai pas vraiment pas le goût à partager mes choix musicaux.
Ni même à en faire.
Je crois arriver à la fin d'un cycle.
Je n'éprouve plus aucun plaisir à ce petit jeu du "show and tell" qui m'a mené aux confins du chauve en taule.
Enfin, ma prison elle n'a qu'un seul barreau, hein, je peux cesser de tourner autour en le lâchant. 

On connait la chanson. 
J'en ai un peu marre de me goinfrer le disque dur sans que ça améliore ma qualité de vie intérieure.
Je prends beaucoup plus de plaisir aujourd'hui à traduire ou resynchroniser des sous-titres de films ou de séries avec des amis imaginaires évitants sociaux.
C'est le problème des compulsions : l'abondance rassasie, mais la surabondance écoeure.
Je cesse donc de chercher des disques mémorables, de toute façon les acouphènes ont insidieusement émoussé la qualité de mon écoute musicale, et je me recentre IRL pour m'y fabriquer des souvenirs mémorables. Haha.
Ce faisant, j'écoute moins de musique, ça me déconcentre. Si je veux être honnête, quand j'écoute de la musique je n'arrive à faire rien d'autre en même temps.
Je viens de finir de lire "La Horde du Contrevent" d'Alain Damasio, grand livre qui tient autant de la SF que de la la mystique pure. Et le pire, c'est que ça reste compréhensible et aimable.
Bon, d'accord, c'est plutôt de la fantasy, en fait. En temps normal, je pisse contre, mais là j'ai dû traverser par erreur une phase open-minded, ou manger un truc pas frais, je sais pas.
En tout cas, du temps où Le Cafard Cosmique était un site de SF régulièrement actualisé, ils y avaient vu en 2007 « un des meilleurs romans français dans le genre depuis 20 ans », et en avaient apprécié l'« ambition assumée » et la « flagrante originalité ».
C’est pas faux.
J'y pioche une phrase, vers la fin :
« Je m’en sortis parce que je compris, du cœur de mon effondrement, que toute la Horde n’était encore debout sur la lande que par ma faculté active à la faire vivre. La solitude n’existe pas. Nul n’a jamais été seul pour naître. La solitude est cette ombre que projette la fatigue du lien chez qui ne parvient plus à avancer peuplé de ceux qu’il a aimés, qu’importe ce qui lui a été rendu.  »
Ca pisse quand même plus loin que cette répartie pourtant cocasse du prince des ténèbres à Ewan McGregor dans Fargo Saison 3 épisode 9 : « The problem is not that there is evil in the world, the problem is that there is good. Because otherwise, who would care ? »
Ca me rappelle une discussion sur le blog de Li-An où il évoquait Moebius, qui différenciait les artistes qui portaient la mort dans leur travail et ceux tournés vers la vie. 
Damasio est clairement tourné vers la vie.
Et maintenant que je l'ai finie, la Horde, où me ravitailler en bonnes lectures pour l'été depuis le tragique gel du site du Cafard ?
Où trouver l'équivalent pour se faire des stocks en SF vivante maintenant qu'elle est morte ?
Bon, c'est vrai, il y a la sélection SF des Inrocks :
- Les cinq romans de SF indispensables du printemps
- Les 6 romans de SF du moment à ne pas manquer
- Les 8 livres de SF indispensables de ce début d’année
- Les meilleurs livres de SF de cette fin d’année...
Mais c'est les Inrocks, donc attention à la hype.
Enfin, j'ai lu leur spécial Pink Floyd, il était honnête. Faut pas généraliser non plus.
Des fois, y'a des chroniques SF dans le Monde, mais c'est très irrégulier.
Il y a aussi les blogs des anciens du Cafard :
et tous ceux qu'on trouve en lien sur leurs blogs.
Des gens qui ne font que lire, et recracher des articles, bien que je les soupçonne d'aller faire pipi de temps à autre.
Y se lassent pas, eux.
Y z'ont bien de la chance.
Il est vrai qu'en démarrant ce blog en 2009, je disais :
"Sur ce blog, je mettrai en ligne des disques et des BD généralement introuvables voire incunables, afin de ne pas nuire au petit commerce.
Musique pour évaluation : si ça vous plait, soyez gentils d'acheter le disque, qu'on trouve en général si on se donne la peine de chercher."
J'ai un peu dérivé.
Début 2010, j'avais plié boutique pendant 2 ans, remarquant que j'avais fait le tour du compteur et un sacré trou dans la couche de vynile, sans parler de la pile de comics.
7 ans plus tard, je peux dire que j'ai enrichi mes connaissances musicales et affiné mes goûts.
Mais je ne suis plus trop motivé.
Ce coup-ci, c'est pas que ça soit trop chronophage, j'ai réglé ce problème.
C'est plutôt que ma soif d'incunables a été étanchée, et que ça va bien comme ça pour l'instant.
J'ai envie de recommencer à acheter des disques, et à prendre le temps de m'y attacher, plutôt qu'être tout le temps dans le flux.
Dans cette attente, allez en paix.
Et puis c'est aujourd'hui la fête de la musique, évènement qui a fait à la musique ce que Hitler a fait à la Pologne, mais qu'importe, il y a sûrement un groupe de jeunes dans le quartier qui massacre gaiement des reprises de Nirvana, sortez un peu de chez vous, bordel !

vendredi 16 juin 2017

Kikagaku Moyo (幾何学模様) - House in the Tall Grass (2016)

Et voilà. Je n'ai plus besoin de courir sur le net comme un dératé pour trouver le must-have de la semaine. J'ai découvert Kikagaku Moyo, et j'en ai pour des lustres à éponger le carrelage de mon bureau. On dirait un peu un (très) vieux Pink Floyd, si Pink Floyd était resté très jeune, et nippon.
Ca me console de tous ces jeunes et moins jeunes croisés aujourd'hui dans le Nantes-Clisson qui allaient voir Blue Öyster Cult et Deep Purple au Hellfest. Blue Öyster Cult ?? y sont pas morts ??? apparemment non.
Kikagaku Moyo, c'est plein d'émotions, c'est frais, étonnant, c'est une bande de japonais qui campent au milieu du cadavre du psychédélisme soft sans être au courant que le psychédélisme est mort depuis belle lurette en tant que mouvement esthétique, et d'ailleurs s'ils le savaient ils s'en moqueraient comme de leur première console Atari, comme les soldats japs qu'on avait retrouvés sur une ile paumée du Pacifique et qui ignoraient que la guerre était finie, que l'empereur avait abdiqué, et qui allaient au bureau tous les matins balayer la tranchée dans l'espoir de voir passer Buck Danny.

https://geometricpatterns.bandcamp.com/album/house-in-the-tall-grass

samedi 10 juin 2017

Fargo Saison 2 (Music heard in the FX Original Series) (2015)

Dans la saison 2 de Fargo, en plus de la musique orchestrale vaguement pompière et obsédante de Jeff Russo, on entend Johannes Brahms, Yamasuki, Lavender Jane, The Dramatics, Black Sabbath, Count Basie & His Orchestra, Devo, Gustav Mahler, Dr Hook, Steve Miller Band, Junction, Cris Williamson… comme ça se passe en 79, Russo a joué le jeu de n'intégrer que des musiciens de l'époque (chacun sait que Brahms et Malher étaient les pseudos les plus fréquents de Brian Eno et David B. pendant la période)
Il n'est soudain plus question de jeunes cons et de vieux cons, je suis frappé par l'espérance et l'énergie qui surgissent de ces folk-songs endiablées, de ce hard-rock propret... Y'a guère que le "Too much paranoïas" de Devo qui appelle par sa stupeur et ses tremblements le chaos des années 80.

Merci Tunefind.
Merci Youbute.
Merci 4K Youbute to MP3.

Du coup, ça ne ressemble encore plus du tout à la B.O. d'un film des frères Coen.
J'aimerais qu'on m'explique.

https://www.mediafire.com/?ibcl1idpsd1aff4




mercredi 7 juin 2017

The Psychedelic Furs - The Psychedelic Furs (1980)

A la messe de dimanche dernier, célébrée tout seul en mon église déserte, j'ai menti.
Je connaissais déjà le shoegaze.
Et si la musique des jeunes cons d'aujourd'hui  ne me fait pas l'effet de ma musique de vieux cons, qui n'est en fait que la musique des jeunes cons d'hier, c'est que je n'ai plus guère le temps de me l'approprier en sécrétant par mes tentacules des bassines de glu émotionnelle autour, comme quand j'étais un  jeune con qui n'avait que ça à faire. Ca prend des centaines d'heures, pour un résultat finalement décevant et prédictible : l'attachement.
Bon ben si c'est comme ça, je n'ai plus qu'à continuer à écouter et mettre en ligne de la musique de vieux cons, qui me fait encore l'effet qu'elle me faisait hier, du fait de l'attachement, comme tous les vieux cons que je connais qui ont des blogs de vieux cons où il postent le même genre de disque de vieux cons, même si à l'époque c'était de la musique des jeunes cons.
Je ne vise personne en particulier, je ne voudrais pas froisser la sensibilité des vieux cons qui postent aussi des disques de jeunes cons pour faire diversion.
Un bon disque de vieux cons, c'est par exemple le premier album des Psychedelic Furs, dont un ardent thuriféraire sur Amazon déclara un jour :
The Psych Furs really shone on this album. When I first listened to this album (1980) I knew I loved it, then I discovered the velvet underground and finally understood it. This is music for music's sake; artistic and brutally honest.
For the uninitiated, the Psych Furs are a volatile mix of Magazine, Siouxsie and the Banshees and the Sex Pistols. And Richard Butler is a singer that anyone would love in their band. A raspy voiced Bowie who can mesmerize with a monotonic drone and drive home the point with an ironic snarl. And all the while the band pounds out a shimmering veil of pulsating sound.
"I'm in love with the BBC, I'm in love with your TV, and they are so in love with you and me"



https://www.mediafire.com/?5of1vt8i772bmod

La hargne, le nihilisme et la méchanceté incantatoires qu'on devine sans même avoir besoin de se référer aux lyrics de "We fall" fait-elle jeune con, vieux con, ou con intemporel ?




"We fall" :
la cover de Xavier Gorce
dans le Monde de ce matin.
Trop de bonheur.


mardi 6 juin 2017

La Brigade du Spoil : Twin Peaks Saison 3, épisodes 1-8

Honnêtement, la question que m’a posé le premier épisode de la saison 3 c’est « qu’est-ce que t’as fait pendant 25 ans ? » à laquelle les acteurs survivants de la série répondaient spontanément « pas grand-chose, mais beaucoup de temps a passé » sauf Kyle MacLachlan qui était au frigo dans la Red Room - ça conserve. Et cette manie d’étirer les scènes quand il ne s'y passe apparemment rien, et cette façon de les ressentir comme quand on va s’évanouir, que les phrases entendues perdent tout sens et se noient sous des tonnes de réverbération pendant que le champ visuel se remplit de losanges gris et noirs qui irradient comme le carrelage de la Red Room, est-ce que ça t’a vraiment manqué pendant un quart de siècle, ou est-ce que tu repiques au truc juste par hype et par paresse intellectuelle ?
Quand tu regardes du Lynch il te regarde aussi, et bien au fond.

Honnêtement, la question que m’a posé le second épisode de la saison 3 c’est « qu’est-ce que c’est que ces manières, David, de nous rebalancer tes vieilles obsessions - la durée, le visage miroir de l’âme, les entités maléfiques d’outre-espace, l’incompréhensible fatum, le bruit du temps dosé par l’intensité de la soufflerie, mixée différemment selon chaque plan sonore, les trucages cheap exprès, comme si tu sortais juste d’Eraserhead, le soap vénéneux  et débilitant jusqu’au coma, et pourquoi Inland Empire était-il si hermétique et pénible, et pourquoi toutes les scènes intéressantes de Fire Walk with me avaient-elles virées pour atterrir dans le 90 minutes des scènes coupées ? » 

Honnêtement, la question que m’a posé le troisième épisode de la saison 3 c’est « qu’est-ce que c’est bien d’avoir attendu l’épisode 3 pour faire du neuf avec du vieux, et nous montrer ton nouveau savoir. » Du coup, c’était pas une question, mais une réponse. 
Tout est pardonné.
C’est reparti comme en 14. 

[spoiler] 


[/spoiler]

 [Hideuse traque]

Episode 5 en approche !
Mister Jackpots est-il toujours not-knowing ?
Reverrons-nous la pulpeuse Nafessa Williams ??
Dans une interview secrète de son doppelgänger, David Lynch promet de révéler sur son lit de mort s'il s'est moqué du monde ou pas !
La personne qui a taggué ce post "kritik'd" alors que ce n'est qu'un billet d'humeur ira-t-elle chez l'oculiste ???
Si après l'épisode 5 vous vous sentez dans la merde, faut-il acheter la pelle du docteur Amp ??
Tous les détails dans notre édition du soir !!!

 [Hideuse traque 2]

 Honnêtement, la question que m’a posé le huitième épisode de la saison 3 c'est "va-t-il se foutre de notre gueule encore longtemps ?" comme rien n'est jamais acquis avec Lynch, il faudra attendre la fin de saison pour oser critiquer quoi que ce soit.


dimanche 4 juin 2017

Slowdive - Slomo "live" (2017)

And now for something completely vieux con.
Dans les années 70, c'était facile d'avoir l'impression de tout savoir de la pop, du rock et de la folk; il suffisait de lire attentivement Rock & Folk, de regarder Chorus sur Antenne 2, et d'écouter France Inter le soir, et on avait à peu près fait le tour. On écoutait, on comprenait les courants, on observait les mouvances, on achetait. Ce qu'on n'achetait pas, on l'entendait chez les copains, si ça nous plaisait on enregistrait une cassette sur un affreux combiné tourne-disque/k7. Ca ne méritait pas le nom de piratage, vu la piètre qualité de copie analogique, malgré l'apparition du dolby puis des cassettes au chrome. Ce qui était pirate, c'était les concerts enregistrés sous la pluie à travers un sac de couchage, fallait vraiment être fan pour acheter. 
Le disque était un objet concret et imposant, quand on l'achetait on nouait avec lui des rapports quasi-amoureux, on l'emmenait avec nous aux soirées, on notait et mémorisait les craquements et poussières qui apparaissaient au fur et à mesure de l'usure provoquée par les écoutes. Ca prenait des mois pour tisser son cocon de glu émotionnelle autour de lui.
Bon, voilà qu'en 40 ans, le disque a quasiment disparu comme support, tout s'écoute gratuitement et s'achète en ligne, et il ne s'écoule pas une semaine sans que 30 groupes essentiels surgissent de nulle part. Qu'on le veuille ou non, on est largué. Ca fait longtemps qu'on n'a plus le coeur à lire Rock & Folk, les Inrocks sont trop souvent dans la hype, et on est passé à Télérama et aux milliards de blogs musicaux qu'on déchiffre d'un oeil morne, et qui rendent compte de l'émiettement, de la fragmentation des musiques et des publics. On est obligé d'en rabattre sur notre présomption d'universalité. Et de quoi était-elle le paravent ? Une croyance absurde qu'on allait séduire des gonzesses par notre connaissance encyclopédique des arcanes du rock ?
Autant vous le dire tout de suite, avant d'en entendre parler dans Télérama, je croyais que le shoegaze c'était quand on regarde ses chaussures quand on a trop fumé de pétards. J'ai pas connu Slowdive... 17 ans qu'ils n'avaient pas sorti un album. Qu'est-ce qu'ils ont fait pendant tout ce temps ? ils étaient avec Kyle MacLachlan dans la Red Room de Twin Peaks, en attendant que David Lynch y rallume la lumière ? Si j'étais lui, j'aurais mis du Slowdive dans la B.O. de la saison 3, plutôt que les obscurs groupes de synth-pop 80's qu'il balance à chaque fin d'épisode. Les fantômes gazeux des Psychedelic Furs ou des Cocteau Twins que j'entends sur le dernier Slowdive valent bien les girlbands qui défilent dans ce nouveau Twin Peaks. Mais bon, je ne suis pas David Lynch, il m'arrive parfois d'avoir l'impression de revivre éveillé certaines séquences cauchemardesques de la série, c'est déjà pas mal, ne soyons pas trop gourmand.

Ah j'ai eu du mal à me retenir de vous proposer le dernier Slowdive piraté, l'album n'est pas complet sur bandcamp ni sur soundcloud ni sur youtube. Sur spotify ou deezer, sans doute, mais je ne fréquente pas ces plate-formes. Voici les deux premiers morceaux de l'album, qui me plaisent bien.