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jeudi 1 septembre 2022

Petit mémorial en forme de tumulus des séries télé de l'été qui ne passeront pas l'automne, et en plus l'hiver sera rude

"Je n'attendrai pas l'automne / ses sonates à mon sonotone"
Alain Bashung, "La Ficelle"


le chat de Schrödinger pour les Nuls : 
bientôt l'adaptation BD de la série télé,
d'après le podcast du film
Il y a des choses intéressantes dans la bande-son de Outer Range, la série télé qui veut hybrider coûte que coûte le western post-moderne et la physique quantique de papigeek (papigeek qui s'obstine par ailleurs à enfermer des chats dans des cartons dès qu'on a le dos tourné.)
- Par western post-moderne, nous entendons par exemple la série Yellowstone, urticante comme pas deux tellement elle est à la fois progressiste et réactionnaire, fraiche et rance, critique et élégiaque du rêve américain, et finalement un peu morte et vivante, comme le chat de Schrödinger.
En tout cas, tant qu'on n'a pas ouvert la boite pour savoir de quel côté il est mort ( in : "le chat de Schrödinger pour les Nuls" raconté par ma femme, un 45 trous du disque d'aventure de vulgarisation scientifique en vente nulle part)
Yellowstone, c'est une énième saga sur une « fratrie dysfonctionnelle » avec Kevin Costner en tête de gondole, patriarche conservateur et rétrograde assumé, série qui mélange avec des hauts et des bas les grands espaces et les gens qui les habitent, avec les grosses ficelles de la télénovella brésilienne, mais au Montana ça s'appelle soap-opera, et on y évite de parler avec la bouche pleine de savon, surtout si c'est pour dire du mal. On n'avait qu'à pas télécharger ça. On est mal barrés pour le chroniquer, après avoir avoué un peu honteusement qu'on le regarde, soi-disant pour complaire à sa femme, dont on parle décidément beaucoup mais qu'on ne voit jamais, sauf à faire les poubelles de ce blog culturel. 

Plus fort que Leonardo dans Inception,
Josh Brolin replie tout le Montana sur lui-même
- Et par physique quantique de papigeek, considérons une bande dessinée comme Federal Bureau of Physics, non traduite en français, dans laquelle il est postulé que les lois qui régissent l'univers physique se délitent, et les constantes de Planck subissent d'étranges variations, fuites temporelles, pannes de gravité, tempêtes entropiques sans préavis de Météo-France venant s'excuser après-coup de n'avoir pas hurlé assez fort pour faire paniquer la population avant qu'il ne soit trop tard pour mourir noyé.
Ou encore le film Cohérence, avec gros effets SF_métaphysiques à partir d'un tout petit budget de huis-clos intimiste.
Outer Range, c'est le revers de la médaille, une proposition sérielle😉qu'on dirait décalquée sur Yellowstone, pour le côté « fratrie dysfonctionnelle chez les coboyes sévèrement burnés », mais avec des trous SF dedans. 
Un gros, surtout : un vortex de quelques dizaines de mètres de diamètre, qui éclot au beau milieu d'une prairie du Wyoming. Et qui permet tous les abus scénaristiques : on y jette des cadavres encombrants, ils réapparaissent quelques semaines plus tard n'importe où, sans avoir vieilli, faisant froncer les sourcils des médecins légistes de garde, ou bien ils ne réapparaissent pas, ou alors des bisons en émergent, ou des tribus indiennes, l'astuce scénaristique du trou auto-justifié comme émanation de la facétie divine permettant d'y faire entrer et sortir n'importe quoi, comme un bon vieux "tunnel à droopys" : 

(l'expression "tunnel à droopys" est forgée par Francis Masse, loué soit son Saint Nom,
dans "La mare aux pirates", 1987, récemment réédité par Glénat, béni soit son sein doux.
Le lettrage écorche un peu les yeux, mais c'est que du bonheur.)
- des ours, des shérifs arapahoe LGBT (pour se faire bien voir des communautés woke qui dictent sa conduite à Netflix et sacrifier aux règles de l'inclusivité dans les programmes télé post-modernes), et bientôt des soldats confédérés ayant participé par erreur à la Guerre de 30 Ans, et pourquoi pas des réfugiés ukrainiens oubliés dans les souterrains de Marioupol dans la saison 2 ? hein ? Avec une trouvaille pareille, ils peuvent faire 25 saisons de plus sans problème, et sans aucun besoin de se justifier ! ... et en plus, les spectateurs qui viendraient éventuellement se plaindre, un bourre-pif dans les coulisses du rodéo, bing, on les roule dans une couverture, et hop, dans le trou ! on est peinards pendant au moins dix-huit épisodes !
Ma grâce présidentielle va jusqu'à amnistier les paysages de la série, l'actrice Imogen Poots parce qu'elle a un nom rigolo et cultive une certaine étrangeté, et la bande-son originale, qui évoque les habillages électro-acoustiques des films de Ari Aster, le VVitch de Robert Eggers, ou le Thelma de Joaquim Trier. 


j'm'ai gourré, c'est pas le Montana,
qu'est tout troué, et tout retourné,
c'est le Wyoming.
Les spectateurs, moins.
Il y a aussi la Unofficial soundtrack, irréprochable quoique intéléchargeable, tant que je ne mets pas les mains dans le cambouis de youtube. 
Mais malheureusement, comme j'ai cru naïvement pouvoir l'exprimer en peu de mots, la série elle-même est bien fumigène et frustrante. 
On regarde ça un peu atterrés, malgré la critique élogieuse du Monde ça ressemble à l'adaptation réussie d'une BD médiocre, puis notre consternation grandit en songeant à ce que Alan Moore disait à propos de l'adaptation indésirable de ses bédés au cinéma :
" Je refuse que mon nom serve à cautionner d’une quelconque manière ces entreprises obscènes, où l’on dépense l’équivalent du PNB d’un pays en voie de développement pour permettre à des ados ayant du mal à lire de passer deux heures de leur vie blasée. La majorité de la production est minable, quel que soit le support. Il y a des films merdiques, des disques merdiques, et des BD merdiques. La seule différence, c’est que si je fais une BD merdique, cela ne coûte pas cent millions de dollars "

Aah non, ça c'est la novelisation
du scénario non-tourné.
C'est encore autre chose.
D'ailleurs on peut aujourd'hui trouver le scénario maudit de William Gibson pour Alien 3 finalisé sous forme de BD. Ca n'a pas couté très cher. 
Mais si vous cherchez un petit trou pas cher pour finir vos vacances dans le Wyoming, évitez le Airb'n'b de Outer Range. Il pèse des tonnes, et ne mène nulle part. La réalité des dolines est plus prosaïque et moins laborieuse.
Pour ceux qui aiment, on peut trouver bien plus de schrödingerisme bien tempéré dans Infiniti, une série française qui brasse les influences de Trou Détective, Le Prestige, The Expanse, et s'en sort honnêtement dans le genre rodéo spatial mysticoïde tourné au Kazakhstan et en Ukraine (impensable aujourd'hui en termes de production, et pourtant bouclé il y a à peine deux ans.) 

Du schrödingerisme, il y en a aussi du bien retors dans "La meilleure version de moi-même", série auto-fictionnelle de Blanche Gardin, qui nous met au défi de distinguer entre la créature déviante qu'elle forge ici et le personnage auquel elle nous avait déjà habitués, pour ceux qui supportent cette succube desprogienne. (Un succube est un démon judéo-chrétien féminin qui séduit les hommes et abuse d'eux durant leur sommeil, leurs rêves, et quand ils s'endorment devant la télé allumée. Les succubes servent Lilith. Leur pendant masculin est l'incube, et leur pendant iel c'est le bouillon Kub.) https://fr.wikipedia.org/wiki/Succube
C'est troublant, et les communautés de féministes en lignes y sont ridiculisées, de façon assez fine. Vive la France ! 

ça sent la disneyification rampante
(arôme LGBTAI+)
Et puis, je ne voulais pas parler de l'adaptation de Sandman sur Netflix, parce que j'avais gardé cousu dans ma chemise le petit bréviaire d'Alan Moore cité plus haut, j'étais prévenu qu'une histoire écrite pour un medium n'est pas transposable à un autre, sous peine de finir comme Dewey, dans Malcolm : "Je ne m'attendais à rien, et je suis quand même déçu.Déçu et presque indigné, alors que les conditions météorologiques du Pakistan font craindre qu'Allah ne soit pas au bureau ces jours-ci (sauf pour finir d'amocher Salman Rushdie). 
Ce qui devrait constituer un sujet d'indignation plus légitime. Et comme mon billet putassier est bien parti pour faire les soldes des trucs que je n'aime pas après les avoir téléchargés ET regardés, et me voir jurer une fois de plus que j'arrête les séries télé, on me dit que Neil Gaiman a contribué à l'adaptation de son Sandman (le livre), ce n'est donc pas le même cas de figure qu'Alan Moore. 
Une précédente série adaptée de Gaiman, American Gods, était malsaine, mais plastiquement inouïe. La malsainitude venait pour beaucoup de Bryan Fuller, le showrunner de la première saison, parti ensuite avec la caisse et la magie, qui avait auparavant engendré une adaptation sérielle humainement insoutenable de Hannibal (Lecter), le psychiatre cannibale imaginé par Thomas Harris. 
Hébé, voyez-vous ça, ça en fait, du name dropping en guise de rédactionnel.
Du coup, je me tais : sur Sandman, la série télé, Ecran Large a tout dit. 
A part que l'épisode 6 devait être un sommet de la saison 1, et que je n'y ai vu que la pale resucée de n'importe quel épisode de Dead like me, une sorte de Six feet under pour adolescents d'ailleurs créée par Bryan Fuller, toujours dans le coin des séries mémorables. 

Tom Sturridge a pris des risques de dingue pour incarnée Morphée,
comme celui de ressembler à Robert Smith après une Cure de Slim Fast.

Et un jeune lecteur, Friedrich, y comble mes espoirs de lire un jour des commentateurs intelligents sur un site semi-pro comme écran large.

Friedrich le 16/08/2022 à 17:43 :

(..) un travail légitime de représentation des minorités ethniques et sexuelles dans la culture doit aussi s'accompagner d'un travail d'élaboration de personnages un peu plus convaincants... faute de quoi les personnages sont hélas réduits à une simple assignation ce qui, il me semble, doit correspondre à l'effet inverse de celui recherché par une représentation plus diversifiée de nos sociétés multiculturelles à l'écran.
Si les décors sont dans l'ensemble très réussis (ainsi que la bande son, du moins lors du premier épisode, le même thème musical tournant en boucle abouti inévitablement à l'indigestion auditive), le reste demeure particulièrement MOCHE.
Les effets-spéciaux ne donnent aucune consistance aux démons et autres crapuleries infernales, hélas déjà dépourvues de toute profondeur et d'envergure, tant dans leur écriture que dans leur design. Ces pitoyables démons sont à deux doigts de me rappeler une cinématique d'orcs sur WOW d'il y a quinze ans de cela...il me semble que les VFX ont fait quelque progrès depuis lors.
Aucune émotion, aucune inventivité, aucune mise en scène - sempiternel champ-contrechamp "je suis un loup", "je suis un chasseur", "je suis un serpent", "je suis une parodie involontaire du combat de Merlin contre Madame Mims" - il n'y a rien à retenir de cette série sauf son message principal : "Nos sociétés ne savent plus rêver".A qui la faute ?

A Internet, pardi. 

Dave McKean en avocat du diable :
"mais puisque je vous dis que mon client
voulait faire quelque chose d'inclusif !"

Même en faisant abstraction de la BD originale et en fermant les yeux sur le fait que Gaiman mutile son oeuvre passée au nom de l’inclusivité, ça sent un peu le sapin plastique qu’on fait pendouiller au rétroviseur intérieur pour désodoriser les voitures. C'est propret. Alors que je suis certain que pour l’auteur du comic book original, c’était quasiment du vécu, bourré d'émotionnel. Gaiman devait faire du rêve lucide à donf, et bien s’amuser, à l’époque de Sandman. Il le dit dans les préfaces des livres, illustrées par Dave McKeanJe reconnais qu’il y a des acteurs inattendus. Le corbeau, vague marionnette animée en 3D, a un accent cockney assez savoureux. David Thewlis, qui joue le fils du mage Roderick Burgess, a été croisé dans la saison 3 de Fargo où il incarnait une figure du Mal glaçante, et dans I'm Thinking of Ending Things, et dans Landscapers, que g pa ancor u le tan de maté, mé ça va plu tardé, parce que je regarderais n’importe quoi de Will Sharpe depuis la révélation Flowers

David Thewlis : un don inné pour engendrer le malaise,
en incarnant des personnages désagréables,
d'un air souffreteux et d'un ton doucereux.
David Thewlis aurait été idéal pour camper un John Constantine mâle, fumeur, gueuledeboité, loser et boomer, mais ce sont sans doute des catégories d’humain trop peu représentatifs du monde moderne, qui n’entrent pas dans les catégories de discrimination positive de Netflix.
Les réactions haineuses autour de la fluidité du genre dans l’auto-adaptation de Gaiman de son comics montrent combien les gens, (et moi le premier puisque pour les gens, c'est moi les gens) s’écharpent autour de problèmes de riches, et d'identité sexuelle de mes bollocks, qui devraient disparaitre cet hiver du fait de la pénurie de chauffage et d’électricité anticipées par Napoléon IV dans son dernier éditorial.

Dave McKean :
le tableau d'ophtalmologie revisité
pour ramener les enfants vers la lecture

Sandman ? Tu aimes le bouquin, reste au bouquin. Aucune raison valable d'aller se confronter avec ce que des gougnafiers et des épiciers émasculés en ont fait pour la génération incapable de lire. Mais peut-être que la série ramènera nos chères têtes blondes vers la lecture ! Comme Nolan qui, par son adaptation inutilement tortueuse du Prestige, m'a mené à l'oeuvre écrite de Christopher Priest.
Ah, j’allais oublier, si vous voulez sangloter de dépit à gros bouillons, regardez la saison 3 de Love, Death and Robots, ce sont des courts métrages d’animation de SF pour la plupart américains, et on dirait qu’ils sont restés scotchés sur « Métal Hurlant, le film » qu’ils avaient produit en 1981. Je ne vais pas ressortir mon Alan Moore, mais ce sont des histoires pour vieux geeks tristes. D’ailleurs, l’humanité y clabote presque à chaque coup.
Allez en paix.
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Merci à Julian pour les points de Godwin sur le wokisme.
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Sandman :

nul besoin de réaliser des adaptations qui coûtent des dizaines de millions de dollars (qu'on pourrait dépenser bien plus intelligemment en envoyant des armes de destruction massive à l'Ukraine) alors que relire le comicbook d'origine en éclusant une bonne bouteille du produit dérivé sorti pour le lancement de la série produit sans doute les mêmes effets spécieux
(compter un litre toutes les cent pages environ)





Love, Death and Robots, plastiquement, ça en jette pas mal, quand même.
On reconnait ici Nina Hagen jeune, apprenant la brasse coulée dans Jibaro.

lundi 20 décembre 2021

Qu'avons-nous raté aux Transmusicales de Rennes 2021 ?

surfeur sortant prestement de la vague
sonique des Transmusicales
avant que la déferlante épidémique
ne se referme sur lui
(de notre envoyé spécial sur place)

Bien sûr, l'article est réservé aux abonnés prémioume®, les nantis prêts à claquer 17,99€/mois dans un abonnement au Monde pour crouler sous les infos sur l'horaire d'arrivée des vagues de Covid à Perros-Guirec et de Zemmour à Villepinte (elles sont corrélées comme des particules de spin). 
Heureusement que je suis là pour vous en faire profiter.

L’édition 2021 du grand rendez-vous musical breton a retrouvé l’élan de ses meilleures années. Tel un surfeur sortant prestement de la vague avant qu’elle ne se referme sur lui, les Transmusicales de Rennes ont tenu leur 43e édition, du 1er au 5 décembre, alors qu’une nouvelle déferlante épidémique commençait à menacer le proche avenir des événements culturels.


Fidèles à leurs habitudes cosmopolites, les «Trans» accueillaient cet automne, près de 80 groupes ou chanteurs et chanteuses de 34 nationalités différentes (...) Un millésime 2021 dominé par une euphorie festive et bariolée, témoignant autant du parti pris des directeurs artistiques, Jean-Louis Brossard et Mathieu Gervais, que d’une soif de partage encouragée par le contexte : qu’il s’agisse de la fanfare rock New Orleans fantasmée par les Londoniens de Tankus the Henge et leur leader, Jaz Delorean menant son cabaret aux sons de cuivres jazzy et de guitare funky, plus proche du Mississippi que de la Tamise ou de la vitalité 100 % féminine des Barcelonaises de Maruja Limon. En pétantes chemises vertes et bleu turquoise, les six Catalanes ont ainsi puisé leur énergie dans la dynamique du flamenco, les pulsions solaires du rock latino, croisées de funk et de son cubain. En femmes puissantes qu’on dirait échappées d’un film d’Almodovar, elles ont empoigné les Bretons pour ne plus les lâcher.
Les Béninoises du Star Feminine Band ont aussi rayonné d’un entrain fédérateur, enroulées de tissu traditionnel, les chevilles serties de bracelets de coquillages secoués au rythme de chorégraphies millimétrées. Originaires de Natitingou, au nord-ouest du Bénin, les sept musiciennes n’ont qu’entre 11 et 18 ans mais imposent les rythmes virevoltants d’hymnes à l’émancipation féminine et à la sororité africaine, chantées en bariba, en peul ou en français. Piloté depuis 2016 par le musicien André Balaguemon, le groupe mêlant percussions traditionnelles, claviers, guitare électrique, basse et batterie, ravit par sa fraîcheur et sa détermination, sur disque (un premier album, Star Feminine Band, publié par Born Bad records) comme sur scène.

La puissance collective n’est pas seule garante de fête. En solo avec son accordéon diatonique, le Finlandais Antti Paalanen a ainsi retourné les quelque 3 000 spectateurs du hall 3, intrigués par sa voix d’ours enroué, fascinés surtout par la virtuosité d’un jeu batifolant entre plages poétiques et emballement jubilatoire. Son soufflet s’allongeant comme le cou d’un dragon peut ainsi évoquer la tendre magie de l’enfance, la respiration de son chien ou tournoyer en polkas frénétiques jusqu’à s’intensifier aux frontières de la techno.


A milieu de ces festins de sourires et de couleurs bigarrées, le noir concert de Ziak agrippait avec d’autant plus de force. Vendredi 3 décembre, vers 22 heures, le hall 9 plongeait soudain dans l’oppressante pénombre du monochrome musical et vestimentaire orchestré par cette nouvelle sensation de la drill, ce courant sombre et violent du rap anglais devenu en quelques mois une des tendances fortes du rap français. Avant le triomphe récent de son premier album Akimbo, Ziak a multiplié depuis 2020 les titres et les clips (Raspoutine, S.P.S., Rhum & machette, Fixette…) adaptant à sa façon les codes de la drill britannique.
Gorgées de deal, de vengeance et de meurtres à l’arme blanche, ces productions ultra-efficaces aux sons d’une noirceur poisseuse ont d’autant plus affolé les réseaux sociaux et les sites de streaming que le jeune homme s’est caché derrière le même anonymat cher aux bad boys londoniens, au casier trop chargé pour être dévoilé. Sur la scène des Trans, on l’a retrouvé ainsi avec trois acolytes, le visage entièrement dissimulé par un bandana, la tête enfouie sous la capuche d’une doudoune noire tombant jusqu’à mi-cuisse, les mains gantées. Le flow grave et puissant donnerait-il des pistes ? On repère des références à Haïti, à l’argot des cités de l’Essonne mais aussi à l’islam.
Il aurait bien aimé continuer de brouiller les pistes mais le rappeur mystère refusant toute interview s’est fait rattraper par les détectives de la toile. Bien originaire de l’Essonne, il aurait officié précédemment sous le nom de Mikeysem, lors d’enregistrements au rap plus chanté et langoureux. Ce grand métis à la peau claire et aux dreads peroxydés n’aurait donc pas vécu tout ce qu’il chante. Certains en font un imposteur. D’autres, plus raisonnables, rappellent que le fantasme cinématographique est l’un des fondements de l’histoire du hip-hop. La puissance d’un univers artistique ne se mesurant pas forcément à sa « street credibility ».

Stéphane Davet - Publié le 05 décembre 2021 à 22h31

L'affiche de la première édition
Bon. J'ai mis des hyperliens, pour renforcer ma street credibility, et pour qu'on se rende compte de ce qu'on a vraiment raté aux Trans cette année. L'abominable Ziak masqué au torchon de cuisine totalise 9 934 068 vues, alors que la petite vidéo toute gentille du concert des familles avec le Star Feminine Band n'en fait que 30. Alerte rouge en Afrique Noire : la messe est dite. Pour savoir ce que nous avons raté aux Trans d'autres années :
Sur ce, je retourne écouter le podcast des voix du monde, 
qui passe des trucs un peu plus authentiques et rafraichissants, quitte à être taxé d'un altermondialisme naïf, à avoir une street credibility proche de zéro et à être complètement out.

dimanche 8 novembre 2020

Alabama 3 - The Last Train To Mashville Vol.1 (2003)

Tchoukou'tchou !

Une fois qu'il sera sorti du dépit, le président américain battu par les urnes prendra-t-il le dernier train pour Mashville ? (littéralement "Pâtée-Ville, avouez que c'est bien fait. Pour lui.) Ou bien alors quoi, restera-t-il le dernier à chanter Way down in the Hole (Droit dans le Trou, à ne pas confondre avec son preque homonyme Doigt dans le Trou, encore interdit dans certains Etats du Sud blanc raciste) avec les rescapés des Blind Boys of Alabama (3) ? Faudra-t-il dès lors le sortir de la Maison Blanche à cheval sur un rail de chemin de fer, enduit de goudron et de plumes, comme au bon vieux temps des tricheurs de dessous de cartes sur les bateaux à vapeur du Mississippi ?
Vais-je encore recevoir longtemps la blague "Why Trump won't go to the White House anymore? Because it's "forbiden" ?
Et en quoi ça va impacter ma life ? 
Suis-je à moitié aussi branchouille que ce que mes allusions laissent penser, et à qui ?
Quand rachèterai-je des comics US en v.o. sur Amazon ?

Vastes questions, auxquelles ce premier volume d'auto-reprises acoustiques et bluesy d'Alabama 3 aura bien du mal à répondre, vu qu'il est sorti en 2003.
Comme l'exprime un fan ni transi ni flétri mais bien en possession de toute sa conscience et lucidité sur la page amazon de l'album :
"Je possède les quatre albums studio d'A3 et je viens d'acheter cet album, qui contient principalement des versions acoustiques de chansons de leurs trois premiers albums.
La qualité des œuvres d'A3 a fortement décliné depuis leur premier album, "Exile On Coldharbour Lane". Leur dernière livraison, "Outlaw", est quasiment inécoutable.
Mais "Mashville" est un excellent album(..) Le piano, l'harmonica et les guitares acoustiques sonnent très bien, et la voix de Larry Love est émouvante, sérieuse et sincère. C'est le country rock à son meilleur, et c'est une forme avec laquelle j'aimerais que A3 reste. Malheureusement, ils semblent plus déterminés à servir les ravers et les boîtes de nuit. Alors que "Outlaw" n'était pas aussi mauvais à cet égard que "Power", ils ne semblent plus pouvoir écrire de bons morceaux. Leur bougie créative s'est éteinte bien trop tôt."

Visage pâle-secam pas avoir langue fourchue.
Unfortunately, il dit ça du Volume 2. 

jeudi 17 novembre 2016

Chelle Rose : Blue Ridge Blood (2016)

Elle en a connu, des bises et des raclées.
Elle en a déroulé, du câble.
Son destin est édifiant.
http://exystence.net/blog/2016/11/14/chelle-rose-blue-ridge-blood-2016/
Le disque est agréable, sincère, et inspiré.
Elle me rappelle Lucinda Williams, avec une voix moins vieille.
Quoique entre sa photo de pochette et son vrai visage, y'a de la marge.
Le temps est cruel avec les jolies femmes, mais heureusement il est aussi impitoyable que Clint Eastwood avec les abrutis dans mon genre.

lundi 23 mai 2016

[Repost] O Brother, Where Art Thou? [Deluxe Edition] (2011)

20/02/2014

A ceux qui n'ont jamais vu ce film, je leur dis qu'il est bien.
C'est rare, les films des frères Couenne qui n'abusent pas d'une intolérable cruauté envers leurs personnages.
A ceux qui n'ont jamais acheté l'album de la bande originale de ce film qu'il est bien, je leur dis qu'elle est bien aussi.
C'est rare de voir réunies autant de bonnes chansons issues du folklore country.
Mais personne ne m'a prévenu de la sortie de ce double CD, qui rajoute 10 titres à la légende, dont aucun n'est indispensable, mais qui sont dans le même mood.
Hier soir encore, le sujet est revenu par hasard dans la conversation, ma chérie était persuadée que la version studio de "In The Jailhouse Now" qu'elle avait entendu l'après-midi même sur FIP était interprétée par Leon Redbone, que nous avons beaucoup écouté plus jeunes, et j'ai dû rallumer Internet pour lui démontrer (je m'étais fait avoir avant elle) que c'était bien les Soggy Bottom Boys qui l'avaient enregistrée, et même que c'est Tim Blake Nelson le chanteur, celui qui joue Delmar O'Donnell dans le film.
Vous voyez le genre de conversation d'initiés, quoi, et pourtant ma femme elle n'est pas geek, ça suffit d'un à la maison. (les enfants sont hors compétition)
Du coup, j'ai identifié la version originale, enregistrée par Jimmie Rodgers-Vocals/Guitar on July 12, 1930 in Hollywood, CA.
Ca vous fait une belle jambe, hein ?
Moi aussi.




23/5/2016

J'ai réécouté l'album, religieusement, après la messe d'enterrement de J.G.
O Brother, Where Art Thou ?

 http://www.mediafire.com/download/zweq6d4tvnwotj0/OB_WAT.zip



Some glad morning when this life is o'er,
I'll fly away;
To a home on God's celestial shore,
I'll fly away (I'll fly away).

[Chorus]
I'll fly away, Oh Glory
I'll fly away; (in the morning)
When I die, Hallelujah, by and by,
I'll fly away (I'll fly away).

When the shadows of this life have gone,
I'll fly away;
Like a bird from prison bars has flown,
I'll fly away (I'll fly away)

[Chorus]
I'll fly away, Oh Glory
I'll fly away; (in the morning)
When I die, Hallelujah, by and by,
I'll fly away (I'll fly away).

Just a few more weary days and then,
I'll fly away;
To a land where joy shall never end,
I'll fly away (I'll fly away)

samedi 6 février 2016

Sainkho Namtchylak - Like a bird or spirit, not a face (2015)




"Magnétique, la musicienne chamane téléporte ses aurores boréales et ses steppes mongoles dans le désert des Touareg. Sidérant."
http://www.telerama.fr/musiques/like-a-bird-or-spirit-not-a-face,137653.php


http://www.theguardian.com/music/2016/jan/21/sainkho-namtchylak-like-a-bird-or-spirit-not-a-face-review-mixing-the-steppe-and-the-sahara

http://www.borguez.com/uabab/sainkho-namtchylak-like-a-bird-or-spirit-not-a-face/

Un lien est caché dans un de ces articles, qui mène vers le disque.
Bon courage.

mardi 17 novembre 2015

Joy (& the way to lose it totally...) - Lucinda Williams

Enfin une femme qui a les couilles de se les faire sauter d'envoyer un message fort aux djihadistes, au gouvernement, et au mec qui fait la météo sur France 2.

Avant, elle sortait avec Nicoshark.
Et puis un jour, elle s'est aperçue 
que French people are blah-blah-blah.


For everyone who's had their joy stolen......
Finalement une chanson de saison, même si j'avais programmé l'article il y a 8 jours - entendue dans la bande originale de Crazy Heart, remarquable film sur la rédemption d'un chanteur de country alcoolo joué par Jeff Bridges.
Car la complaisance vis-à-vis de sa maladie, c'est bien joli, et elle contient sans doute sa propre récompense, mais quand même, un jour on se rend compte que savoir sans faire équivaut à ne pas savoir.
C’est bien embêtant, mais à part avaler ces amères lapalissades, pas moyen de sortir du Landerneau de l’addiction.

On peut aussi les mettre en chansons :
comme on dit au Bataclan, la musique adoucit les meurtres.

& the lyrics
http://www.azlyrics.com/lyrics/lucindawilliams/joy.html

La peste soit du démon d'Internet, je viens de débusquer une version alternative dont j'ignore si elle est plusse pareille que l'original, mais fichtrement stéréoïsée.



Effectivement, l'originale est un peu moins pareille




mardi 10 novembre 2015

Good Hearted woman - Hank Williams III




Putain, j'adore cette chanson.

Et les paroles !!
Les paroles !!

Il faut toujours se méfier des paroles, quand il y a trop de sucre dans la musique.

Country music at its finest :
En voilà une chouette chanson apte à donner bonne conscience à tous ces bâtards du MidWest et d'ailleurs pour continuer à se comporter comme des trous de balles avec leur femme en se disant qu'elle a le dos large.
Good hearted woman, c'est comme les doubitchous dans le Père Noël est un scumbag :
sous le nappage onctueux et entraînant en diable (en tant que femme, j'ai un faible pour la pedalsteel guitare et les violons campagnards quand ils sont déchainés comme ici), un coeur ranci et phallocrate, l'hypocrisie masculine conçue comme un hommage du Vice à la Vertu.
Yippie yeah, les amincies.

Pourtant, comme le disait en d'autres temps le Schtroumpf à lunettes, "c’est très simple d’ouvrir le cœur, pas besoin du kamasutra. Il suffit de regarder l’autre comme une fin en soi, et non comme un moyen (pour reprendre l’expression de Kant). De le voir comme un individu, comme une totalité, au lieu de le voir comme le moyen d’obtenir quelque chose pour soi (de la reconnaissance, des sous, du plaisir…). C’est d’ailleurs pour cette raison que les nanas sont frustrées. Elle sont là comme des huîtres et c’est les mecs qui doivent les ouvrir. Dès ce moment, le mec est considéré comme un moyen (le couteau qui va ouvrir l’huître), donc ça ne risque pas de marcher. D’où la frustration. On a juste pété le bord de la coquille, mais l’huître est toujours fermée. Si l’huître pouvait voir qu’elle a en face d’elle un individu, un vrai, ça irait beaucoup mieux. Et vice-versa. Si les mecs arrêtaient de voir les nanas comme des poubelles où déverser leur frustration, ça irait mieux aussi.
Les centres énergétiques s’ouvriraient naturellement si on arrêtait de les fermer et de les verrouiller comme les coffres-forts de la Banque de France. "

Allez, redonnez-moi un morceau de cette chose longue et molle.