samedi 31 mars 2018

Salafistes - François Margolin, Lemine Ould M. Salem (2015)

Voici un documentaire glaçant : c’est une tribune libre offerte aux théoriciens de la branche djihadiste du salafisme, entrecoupée d’extraits de vidéos de propagande comportant de nombreux châtiments corporels et exécutions.
Les interviews sont réalisées à des moments d’optimisme historique pour le mouvement : Tombouctou en 2012, Raqqa en 2015 etc…
La vraie performance du film, c’est d’avoir pu approcher les théologiens au point de susciter leur confiance et de les laisser s’épancher en toute intimité sur les erreurs de l’Occident, la duplicité des Juifs, l’infériorité des femmes…
La seule contextualisation est offerte à la fin du film par un berger touareg, qui a vaguement la tête de Keith Richards, et qui raconte comment il a envoyé chier la bande de prédicateurs venus lui reprocher sa consommation de tabac (c'est lui qu'on voit sur l'affiche).
Rien de vraiment nouveau sous le soleil : dans son obstination à prôner un retour aux pratiques soi-disant en vigueur dans la communauté musulmane à l'époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples et à vouloir accomplir la rééducation morale de la communauté musulmane à coups de fouets et d’amputation, le salafisme n’a rien à envier à l’Inquisition espagnole, ni dans ses fins ni dans ses moyens : conçue à l'origine pour maintenir l'orthodoxie dans les royaumes catholiques, l'inquisition a progressivement élargi le champ de ses justiciables (musulmans, protestants, sectes), réprimé les actes qui s'écartaient d'une stricte orthodoxie (blasphème, fornication, bigamie, pédérastie…) et combattu la persistance de pratiques judaïsantes.
Le problème c’est que l’inquisition fut définitivement abolie le 15 juillet 1834, alors que le salafisme est vivant et en bonne santé.
Il faudrait un Bergson pour expliquer cette manie qu'ont certains êtres humains de camoufler leur frustration, leur soif de pouvoir et de barbarie sous les oripeaux de la parole de Dieu.
Ou la sérénité d'un Keith Richards malien, qui nous fait comprendre en 1'30'' qu'on a affaire à une bande de branleurs sanguinaires qui ne sont qu'un épiphénomène dont on aurait tort de se préoccuper, parce qu'ils ne font que passer, et qui les traite avec autant de désinvolture que s'ils étaient un groupuscule de Disapointed Melenchonists® ou des Témoins de Jéhovah un peu lourdingues.

3 commentaires:

  1. Ce billet n’est pas du tout drôle. Je ne suis pas content. J’en tiens pour responsable les salafistes.

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  2. J'attendais cette remarque, Flanders. La veine satirique m'a un peu passé. Désolé.

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